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Je venais de rentrer à la faculté... C'était une nouvelle vie pour moi : un
appartement à moi, la liberté de faire ce que je voulais. Le rythme de travail était très
différent du lycée, et rapidement, lorsque je rentrais chez moi, je me complaisais à ne rien
faire, à regarder la télé toute la soirée. Bref, en un mois de temps, j'étais devenu
fainéant. Je ne faisais rien de ma vie, mais ça ne me dérangeait pas trop. Cette liberté
nouvelle était pour moi tellement jouissive!
Cependant, un soir, je ressentis un
sentiment étrange. J'eus le sentiment/la vision (je ne sais comment l'appeler) de me trouver
devant une porte sans savoir ce qu'il y avait derrière. Guidé par cette émotion étrange, je
décidai de sortir de chez moi. Je naviguai dans la ville, au fil des rues, sans savoir où
j'allais.
Après une demi-heure à droite et à gauche, mon comportement m'a semblé
ridicule. Pendant 5 minutes, je doutai de ce que j'avais reçu et je me posai un tas de
question: "Qu'est ce que tu fais ? Ça n'a aucun sens. Qu'est ce que c'est que ce sentiment
?"... Alors que je m'apprêtais à rentrer chez moi, je me rendis compte que j'étais dans une
petite cour. Au bout de cette cour se trouvait une porte ouverte, sans lumière. Cette porte
m'intrigua. Elle me faisait penser à la "vision" qui m'avait conduit ici.
Je décidai
de rester et de voir ce qu'il y avait derrière... Je rentrai dans le bâtiment. Je me trouvai
dans un petit couloir au bout duquel montait un escalier. Sur les murs il y avait de grandes
affiches. L'obscurité ne me permit de lire que ce seul mot : "La Fraternité". Et maintenant
que faire ? Je trouvai mon attitude encore plus ridicule. J'étais sur le point de faire demi
tour, quand "le sentiment" me reprit de nouveau. Qu'y avait-il en haut de cette escalier ?
Plus par curiosité que par courage, je montai marche après marche à l'étage, en espérant à
chaque seconde que personne n'arrive et ne me surprenne.
Arrivé en haut, une petite
lumière sortait d'une salle au bout du couloir. C'est alors que je me repris : "qu'est ce
que tu fais là ? Rentre chez toi, tu auras l'air moins bête." En effet, qu'aurais-je dit à
quelqu'un qui m'aurait surpris : "Ah, ben je suis rentré parce que la porte était ouverte"
!? Il me prendrait pour un imbécile. Mais pourquoi étais-je là ? Faire demi tour n'aurait
apporté aucune réponse à mes questions. Je décidai donc d'avancer vers la salle éclairée. Mes
jambes tremblaient. Après quelques secondes, je me trouvai devant la porte de la salle.
J'aperçus quelques personnes qui ne me voyaient pas. Cette fois-ci, c'en était trop. Il
fallait que je parte.
Alors que je faisais demi tour, la porte s'ouvrit et toutes les
personnes de la salle sortirent une à une. J'étais pétrifié. Chacune d'entre elles me dit
bonsoir en passant devant moi. Tout ce que je trouvais à dire c'était : "bonsoir". Ce que je
craignais arriva : la dernière personne qui sortit de la salle me demanda : "Bonsoir. Qu'est
ce que je peux faire pour toi ?". J'eus un moment d'hésitation. Qu'est ce que je pouvais
répondre ? Que j'étais là parce que j'étais animé d'un sentiment très fort qui m'avait
mené ici sans savoir pourquoi ? Bien sûr que non. Alors que je balbutiais, il me revint à
l'esprit ce mot que j'avais lu en bas : "Je suis venu pour la Fraternité". Je n'attribuais
aucun sens à ce que je venais de dire mais j'espérais qu'il en ait un pour le monsieur. "La
Frat ? Alors il faut que tu reviennes demain à 17H." "D'accord, merci." Et je m'empressai de
partir avant qu'il ne me pose d'autres questions !...
Dehors, je me tapai la tête en
me disant : "Qu'est ce que tu es venu faire ici ?". Mais le lendemain, je me rappelai ce que
m'avait dit le monsieur : "demain, 17H". C'était quoi "la Frat"? Je pris cette fois-ci mon
courage à deux mains, et je retournai à l'heure voulue au lieu de la veille. Je rentrai par
la même porte, pris le même escalier. Je m'avançai dans le couloir et je pus voir une grande
salle dans laquelle se trouvaient une vingtaine d'enfants d'âges différents. Dans le coin,
une dame m'aperçut et s'avança vers moi en demandant : " Je peux vous aider ?". Je lui
répondis : "C'est moi qui vient vous aider". Un silence se tint pendant quelques secondes et
je vis cette jeune dame avoir des larmes aux yeux. Sans savoir très bien ce que je venais de
dire, je la vis s'avancer vers moi et me prendre dans ses bras.
Il s'avérait que La
Fraternité était une association de quartier qui aidait les jeunes dans leurs travaux
scolaires, mais aussi dans leur vie : à se nourrir, à apprendre à vivre, voire à réapprendre.
Je suis resté 2 ans dans cette association. Je ne sais pas si ça venait de moi, mais les
choses se sont vite améliorées. Ce dont je suis sûr, c'est que j'ai aidé Louis et Estelle à
réapprendre à vivre. Eux qui ne pouvaient plus parler ou communiquer que par la violence, je
leur appris une autre voie : celle du respect, et d'abord le respect d'eux-mêmes.
Tout ça est arrivé parce qu'un soir, Quelqu'un m'a dit qu'il fallait que je sorte. Que
j'aille voir ce qu'il y avait derrière cette porte... Plusieurs fois, j'ai failli faire
demi tour, mais je ne l'ai pas fait, parce que je l'avais décidé. Dieu m'a donné des signes
que je ne pouvais ignorer. Alors au lieu de râler et d'attendre que Dieu change les choses
que les hommes ont décidées, ne ferions nous pas mieux de l'écouter un peu ? En tout cas,
aujourd'hui, je ne regrette pour rien au monde de m'être sorti de mon canapé et d'avoir
suivi la voie de Dieu.
Je pense que la liberté que Dieu nous laisse est une marque
d'amour, cette liberté de faire ce que l'on veut, et même de croire ou de ne pas croire en
lui. Imaginez si vous étiez obligés de croire : votre foi ne serait pas faite d'amour...
Pourtant, Dieu nous laisse-t-il seul ? N'intervient-il jamais ? Un jour, il est venu à moi,
il m'a guidé, et à chaque instant j'étais libre de faire ce que je voulais, de le suivre ou
de ne pas le suivre...
Mots Clés :
Jésus foi